Mythes

St Martin à Vauchignon

     Martin va évangéliser le peuple du val de Vauchignon. Il arrive, à la nuit noire, dans une bourgade sise à l'entrée du vallon (Nolay maintenant). Il heurte à toutes les portes, demandant un abri. Toutes sont closes; le village est désert.
     Errant à travers les rues, il aperçoit une faible clarté. Il s'approche de la fenêtre d'une chaumière; il regarde; il voit une femme assise près du foyer, dans l'attitude de la douleur.
     Il frappe; il n'est point entendu. Il frappe encore, la porte s'ouvre. Il est touché en voyant combien est profonde la désolation de cette femme.
     « Qu'avez-vous? dit-il.
     - Je suis veuve, répond-elle, et l'on vient d'arracher d'entre mes bras ma fille unique pour la conduire à Teutatès. Hier le dieu, élevant la voix dans le feuillage du chêne sacré, s'est plaint d'un prêtre du Christ qui renverse ses temples et brise ses statues, et, en expiation, il a demandé du sang humain. Comme ma fille fréquentait les assemblées des chrétiens, le chef des druides l'a désignée comme victime. Il vient de l'emmener, et tous les habitants de la bourgade sont au fond de la vallée pour assister à son sacrifice. »
     En achevant ces mots, cette mère pousse des hurlements de douleur.
     « Femme, ne pleure pas, s'écrie l'évêque, ta fille te sera rendue. Conduis-moi au lieu où doit se faire l'immolation. »

     Ils marchent dans la vallée. D'abord ils n'entendent que les soupirs de la forêt; puis ils distinguent des cris lointains, des chants et les sons du fifre et des cymbales.
     Ils précipitent leurs pas.
     Ils parviennent à une vaste clairière où flambe un grand feu. A sa lueur, ils voient un chêne caverneux dont la cime se cache dans les nues, et dont les robustes rameaux s'étendent au loin. Sous son noir feuillage, une foule féroce exécute une ronde funèbre autour d'une jeune fille couronnée de lierre et de verveine, et vêtue d'une tunique blanche.
     Le chef des druides donne le signal de suspendre la danse; armé du couteau du sacrifice, il s'avance pour immoler la victime.
     La mère jette un cri d'effroi. Martin paraît au milieu de l'assemblée.
     « Arrête, dit-il en détournant le bras du prêtre païen; je te défends de toucher à cette créature de Dieu. Tu ne feras pas tomber un cheveu de sa tête
     - Quel est le profane qui ose ainsi troubler le culte de Teutatès? murmure le vieux druide.
     - C'est Martin, le pontife du Christ, répond le missionnaire.
     - Peuple s'écrie le sacrificateur, c'est le grand ennemi des dieux. C'est l'impie dont se plaignait hier Teutatès. Puisqu'il a eu l'audace de venir dans ce sanctuaire, exterminons-le! Que son sang coule, mêlé à celui de la jeune fille qui avait déserté nos autels. »

     Les hommes de la bourgade, toujours en armes, selon la coutume des Gaulois, tirent leurs épées et brandissent leurs haches autour du saint évêque.
     Celui-ci les regarde sans pâlir. Il parle: le tumulte ne fait que grandir, et les cris de mort redoublent.
     Pour vaincre cet endurcissement, Martin s'écrie: « Peuple, puisque tu ne veux pas écouter ma voix et reconnaître le vrai Dieu, je m'adresserai aux êtres inanimés; ils proclameront sa puissance et confondront ton idolâtrie. Que la terre bénisse le Seigneur; qu'elle loue et exalte sa souveraine grandeur: Benedicat terra Dominum; laudet et superexaltet eum in sæcula. »

     Aussitôt le sol tremble, les arbres s'agitent, et les rochers sont ébranlés. Et les voix gémissantes des esprit malins qui peuplent la vallée s'écrient: « Sortons d'ici! sortons d'ici! »
     « Montagnes et collines, continue le thaumaturge, bénissez le Seigneur; louez et proclamez sa grandeur dans tous les siècles: Benedicite, montes et colles, Domino, laudate et superexaltate eum in sæcula. »

     A ces mots les collines semblent bondir. La montagne est en travail d'enfantement; ses entrailles se dilatent, et de son sein surgit un gigantesque rocher, ayant la forme d'un autel avec deux grand candélabres; un souffle impétueux traverse la forêt; dans ses sifflement on distingue ces cris: « Les dieux s'en vont! les dieux s'en vont! » Cet ouragan brise les arbres sur son passage et se précipite sous un rocher, où il ouvre une profonde caverne.

Vitrail église de Chagny            Toute ma jeunesse, j'ai vu ce vitrail à l'église de Chagny, sans connaître le mythe correspondant. Il se trouve dans la chapelle à droite du coeur, au dessus de la porte de la sacristie.
Photo Gillet    
Vitrail   Légendes Bourguignonnes. Etienne Bavard.


Le Pas de St Martin à Mavilly-Mandelot

     St Martin se trouva soudain face au Diable indigné par les succès de l'évangélisation de l'Evêque de Tours. Le Saint, monté sur sa monture, s'enfuit dans la montagne. Arrivé en haut de Mandelot, il fut acculé au rebord de la falaise. Encouragé par l'ordre calme et droit, la mule sauta le précipice jusqu'à Mavilly, alors que le diable tomba en contrebas.       Le Pas de St Martin
    Document Henry Gruère
Extrait de la monographie de M. Henry Gruère   La Pas de St Martin

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Date de mise à jour: 15/01/2008 Consultez les nouveautés Rassemblé par Gilbert Gillet